J’ai travaillé à l’hôpital pendant la crise sanitaire du covid-19

J’ai travaillé à l’hôpital pendant la crise sanitaire du covid-19

Pendant environ deux mois, la quasi-totalité des Français ont été dans l’obligation de se confiner, du fait de la crise sanitaire du COVID-19. Télétravail pour certains, chômage partiel pour d’autres ; un grand nombre de français ont dû occuper leur temps judicieusement.

Pour certains, le confinement a été l’occasion de rattraper des séries ou livres en retard, mais aussi de développer des projets personnels, de prendre le temps de se rapprocher de sa famille, d’acquérir de nouvelles compétences (apprendre à faire la cuisine, apprendre une nouvelle langue, etc.). Enfin, certaines personnes ont choisi d’investir leur temps dans des causes qui les touchaient davantage, comme l’aide au personnel hospitalier par exemple. C’est la cas de Savannah, étudiante en PGE 3 à PSB. Elle accepté de revenir sur les raisons qui l’ont poussée à aller travailler à l’hôpital pendant la crise sanitaire. Elle nous explique.

Son parcours à PSB

Étudiante très dynamique de 20 ans, Savannah a rejoint le PGE de PSB il y a 3 ans. Elle était en échange à Shanghai, dans le cadre de sa 3e année, au moment où la crise sanitaire a commencé. Contrainte de rentrer en France en mars, elle a vite compris que les cours dans son université ne reprendraient pas immédiatement. Depuis lundi 11 mai 2020, elle a repris ses cours en distanciel avec son université à Shanghai. Elle entamera à la rentrée un Master 1 International Business, avec un nouvel échange prévu à Los Angeles ou à Madrid.

C’est justement la raison qui l’avait poussée à intégrer PSB : « Je suis tombée par hasard sur une vidéo d’un weekend d’intégration de PSB sur Facebook et j’avais trouvé ça cool. Au moment de faire mes choix, j’ai participé à une Journée Portes Ouvertes, et l’école a su me convaincre. Ce qui a fait la différence je pense, c’est le nombre de partenaires à l’international. C’est cela qui a motivé ma décision finale ».

Les raisons de son investissement à l’hôpital

Lorsqu’elle a été contrainte de rentrer au début du mois de mars, Savannah avait déjà trouvé un job étudiant, car elle savait qu’elle ne reprendrait pas encore les cours. Cependant, le confinement a été annoncé peu de temps après, et elle n’a pas pu commencer son contrat. Elle s’est donc tournée vers l’aide au personnel hospitalier : « La mère de ma meilleure amie est la Directrice des Ressources Humaines du Centre Hospitalier de Bligny, qui se trouve à 5 minutes en voiture de chez moi. Elle m’a fait part du manque de personnel à l’hôpital. Avec la crise qui s’annonçait, le manque de personnel ce n’est pas possible. Je me suis donc dit : pourquoi pas ? En plus de ça, j’y avais déjà travaillé, et je n’aime pas trop rester chez moi, j’aime bien bouger. Donc si ça pouvait m’occuper, c’était parfait ! »

Son travail à l’hôpital

Évidemment, Savannah ne peut pas effectuer les missions du personnel soignant, mais est présente en support, et soulage ce dernier d’un nombre important de tâches non négligeables. Principalement, ce sont des missions de coursier, mais aussi de soutien psychologique aux patients, et bien entendu d’aide au personnel d’entretien. Savannah nous raconte : « j’effectue des missions de coursier pour livrer des tests Covid-19 dans les différents bâtiments du centre. J’apporte également une aide concernant les missions d’entretien car l’hôpital, et surtout en ce moment, a besoin davantage du personnel d’entretien. Avec ce qu’il se passe les bactéries se propagent super vite. C’est là où je me suis rendue compte que ces personnes sont essentielles au bon fonctionnement d’un hôpital. Il faut faire attention en permanence à tous les petits détails auxquels on ne penserait pas forcément : les rambardes, les poignées de porte, les interrupteurs dans les ascenseurs, la lumière, etc. »

Cependant, ses missions principales se concentrent essentiellement en dehors des secteurs Covid-19 : « j’ai souvent été affectée en hématologie, avec des patients atteints de cancer. Je les aide tout simplement à garder le sourire. J’ai l’opportunité de consulter le dossier médical de chaque patient, mais je refuse de le faire, car pour moi ce sont des humains avant d’être des malades. Je suis une des seules personnes du service qui ne suis pas là pour leur annoncer une mauvaise nouvelle ou pour leur administrer un traitement. Je suis la petite jeune qu’ils ne connaissent pas, et qu’ils apprennent à découvrir, comme moi je peux les découvrir, mais autrement qu’à travers la maladie ». Un rôle clé donc, à un moment où beaucoup d’employés ont été affectés au service Covid-19, et ne peuvent donc plus assurer cette permanence avec les patients des autres services.

Pas de compétences spéciales

Savannah nous rappelle que toutes les personnes souhaitant s’investir peuvent le faire facilement : « Tout le monde peut postuler. C’était plus facile pour moi bien sûr, car j’ai pu m’entretenir directement avec les personnes en charge du recrutement, et me rendre sur place rapidement ». Cependant, tout le monde n’est pas retenu : « Ils cernent aussi très rapidement les personnages ; certains ne sont pas restés longtemps car ça n’allait pas. Moi j’aime bien faire les choses rapidement, je suis dynamique. Ils m’ont même proposé de revenir après la crise ! ».

Concernant les compétences requises, rien de particulier à signaler : « Je peux tout faire à l’hôpital, sauf bien sûr ce qui concerne les soins infirmiers et médicaux, car il faut des diplômes pour ça."

La situation à l’hôpital

Depuis le début de l’épidémie, le personnel médical craint une saturation rapide des hôpitaux, et un manque important de matériel. Savannah nous raconte ainsi : « Dans notre hôpital, on n’a pas ressenti de manque, sauf au début. Les premières semaines, on était rationné à 2 masques par personne et par jour. Depuis plusieurs semaines maintenant, il n’y a plus de souci, on a tout ce qu’il nous faut. Nous avons aussi beaucoup de dons, car nous sommes un centre semi-privé. De plus, nous ne sommes pas un hôpital de première ligne (spécialisé dans le traitement des patients atteints du Covid-19), donc nous n’avons pas été surchargés, même si nous avons ouvert 4 services uniquement pour le Covid-19. »

Elle poursuit en nous parlant des tenues et règles pour le personnel : « On n’a pas manqué d’équipements, car ils sont bien répartis entre les services avec évidemment une priorité Covid-19. Pour le personnel qui s’occupe des patients du Covid-19, c’est : charlotte, visière, masque FFP2, blouse, sur-blouse, etc. ; la totale. Pour les autres c’est un peu plus léger. »

Elle insiste également sur le fait qu’il ne faille pas tomber dans la paranoïa : « On se dit qu’on est plus en sécurité à l’hôpital que chez nous, ou en allant faire les courses. Les gestes barrières sont appliqués scrupuleusement, et les règles sont très strictes. Quand vous êtes affecté en service Covid-19, vous ne pouvez plus sortir de la journée, même pour déjeuner, il faut rester dans le service. Personnellement, je ne suis pas du tout inquiète car on est très bien protégé, mais ce n’est pas le cas de tout le monde. Certaines de mes collègues ont des maris ou enfants à risque, donc préfèrent éviter le service Covid-19. »

Les enseignements de cette expérience

Riche en émotion, cette expérience est très bénéfique pour Savannah : « Moi j’en retire plusieurs choses. Déjà, ça me permet de me mettre à la place de certaines personnes et d’observer le manque de considération et de respect qu’ont beaucoup de gens pour ces employés, par exemple le personnel d’entretien. Comme ces métiers sont peu valorisés, ils n’ont pas forcément leur mot à dire, et c’est bien triste, car dans la situation actuelle, on se rend compte que le personnel d’entretien, les éboueurs, les caissiers, etc., sont indispensables, et qu’il faut les revaloriser”.

D’autre part, elle revient sur un enseignement marquant de ces moments passés à l’hôpital : « On est tous mis à nus. J’ai peut-être rencontré des patients qui étaient célèbres, ou des grosses fortunes par exemple, sans le savoir. Ce qui compte au final c’est qu’on est tous humain et vulnérable face à la maladie. Il n’y aucune étiquette, et tous les patients sont traités de la même manière.

Enfin, c’est un réel exercice quant à la gestion de ses émotions : par exemple lorsqu’on est face à un décès, on ne peut pas se laisser déborder par ses émotions, on doit continuer à faire notre travail, tout en faisant preuve d’humanité. »

Pour finir, Savannah s’exprime davantage sur le ton de la plaisanterie : « Il faut vite nous déconfiner, je n’en peux plus ! Plus sérieusement, il faut arrêter d’avoir peur de ce Covid-19, il y a de l’espoir au vu des chiffres qui baissent quotidiennement ! »

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