L'industrie musicale et ses enjeux : l'expertise de l'IESA appliquée au business

Dans le cadre des Creative Tracks de Paris School of Business, les étudiants en première, deuxième et troisième année du Programme Grande Ecole ont la chance de suivre un module consacré aux musiques actuelles, animé par Marion Delpech, professeure à l’IESA et professionnelle du secteur depuis plus de dix ans. 

Productrice d’événements, chargée de communication et spécialiste des festivals, elle partage dans cette interview sa vision de l’industrie musicale, les enjeux auxquels elle fait face, et les raisons pour lesquelles il est essentiel que les futurs managers s’y intéressent.

Parcours et engagement pédagogique

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots et nous parler de votre parcours à l'IESA ?

Je m’appelle Marion Delpech, et travaille dans le secteur des musiques actuelles depuis plus de 10 ans, aussi bien en tant que productrice d’événements que chargée de communication, marketing et presse, notamment pour des festivals.
J’interviens à l’IESA depuis désormais 4 ans, aussi bien auprès des Master 2 pour le cours sur les musiques électroniques que les 2e année de Bachelor que j’accompagne dans leur professionnalisation.

Pourquoi avez-vous accepté de participer aux Creative Tracks de Paris School of Business ?

Pour plusieurs raisons : tout d’abord, il me semble pertinent d’insuffler une autre vision du milieu professionnel et du business, qui passe par le champ de la culture et de la musique. Notamment quand la musique est omniprésente dans la vie de tout un chacun.
Aussi, à titre personnel, il est challengeant d’avoir un auditoire autre que d’habitude, c’est-à-dire des élèves qui ne sont pas voués initialement à travailler dans le domaine musical et qu’il faut donc captiver en les rattachant à des sujets qui les intéressent, notamment l’économie et les finances pour la plupart d’entre eux.

IESA

Comprendre les enjeux de l’industrie musicale

Pourquoi est-il important pour des étudiants en école de commerce de comprendre l’industrie des musiques actuelles ?

Cela permet d’aiguiser la curiosité et élargir le champ des possibilités. En questionnant les étudiants sur leur choix de carrière, je remarque que souvent les réponses sont similaires. Et cela semble évident, puisqu’ils sont en école de commerce. Cependant, avoir des cours qui diffèrent des matières « classiques » permet d’appréhender d’autres secteurs d’activités qui ne sont pas incompatibles avec le commerce, d’autant plus quand ce dernier est présent partout. Trop souvent, culture (et a fortiori musique) est antonyme de commerce / business, mais pour autant, produire de la musique, produire des événements, cela reste du commerce et est une industrie à part entière. 

Egalement, au risque d’être redondante, la musique est omniprésente, quiconque écoute de la musique chez soi, dans les transports, va à des concerts (etc etc…) et comprendre ses enjeux et son fonctionnement permet de comprendre une partie de la société, notamment politique et sociale.

Quelles sont les grandes transformations récentes de ce secteur, leurs impacts sur le monde du business et les principaux défis auxquels les professionnels de l’industrie musicale doivent faire face aujourd’hui ?

Les musiques actuelles sont distinguées en 2 secteurs d’activités : 

  • La production phonographique - tout ce qui concerne la production et diffusion de musique à travers des supports, aussi bien physiques (CDs, vinyles, …) que digitaux (notamment les plateformes de streaming)
  • Le spectacle vivant – c’est-à-dire tout ce qui concerne la diffusion de musique en live, concerts, festivals, etc.

La production phonographique est en constante évolution, même si les supports digitaux supplantent de loin les supports physiques. A ce titre, le prix des abonnements aux plateformes d’écoute retranscrit une certaine précarité quant à la rémunération des artistes. Et c’est un réel enjeu – écouter de la musique en illimitée pour moins de 10 euros par mois, comme vous pouvez l’imaginer, est dérisoire.

Du côté du spectacle vivant, le COVID a sévèrement impacté cette industrie. Pour exemple, lorsque je demande aux étudiants s’ils vont en festival ou concert, ils sont très peu. Tandis que les professionnels pensaient que les jeunes / adolescents à la période du COVID allaient sortir à foison une fois les confinements terminés, ceux-ci ont finalement pris d’autres habitudes. Par crainte de la foule mais aussi car ils n’ont pas eu cette culture-là.

L’augmentation également des prix des billets, notamment due à des coûts croissants de production, est également un frein qui est un enjeu à prendre en compte. 

Contenu du module et pédagogie active

Pouvez-vous nous en dire plus sur le contenu du module que vous enseignez aux étudiants de Paris School of Business ? Quels types d’exercices ou de mises en situation leur proposez-vous ?

Le module est décomposé en plusieurs parties :

Tout d’abord, l’histoire des musiques actuelles, ses évolutions technologiques et courants, ce qui permet de repasser sur les différents genres musicaux clés (jazz, blues, rock, électro, rap, …) et ses artistes phares.
Puis les élèves abordent le contexte social et politique des musiques actuelles à travers des ateliers et débats. Peut-on tout dire dans la musique ? Quid de la liberté d’expression ? La politique doit-elle s’immiscer dans la musique ? Il est question de faire prendre conscience aux élèves que la musique est intimement politique, que lorsqu’ils écoutent de la musique, c’est un choix et un parti pris. 
A cette occasion, ils sont amenés également à travailler sur des textes de rap actuels, en décrypter les messages et produire un podcast à ce sujet. Quelques exemples : la misogynie, l’affirmation de soi, la réussite sociale, etc.

Puis les élèves abordent l’écosystème musicale, ses parties prenantes et comment l’industrie est composée. Ce qui permet ensuite d’appréhender son contexte et poids économique et également établir un budget type de dépenses / recettes d’un événement.

Enfin, ils abordent les notions de RSE et de prévention des discriminations, violences et harcèlements sexuels à travers le prisme des musiques actuelles. Ces sujets sont très prégnants dans ce secteur mais le sont également dans la société toute entière et il me semble pertinent de les aborder pour l'avenir aussi bien personnel que professionnel des étudiants.

Comment ces connaissances sur l’industrie musicale peuvent-elles les aider dans leur future carrière ?

Chaque partie du module est pensée dans le but que celles-ci leurs soient utiles. Comprendre les enjeux politiques de la musique, c’est se positionner en tant que citoyen. Débattre sur la musique, c’est prendre le temps de comprendre ce que l’on écoute, se positionner sur des idées et pouvoir les affirmer. Etablir un budget type d’un événement, c’est finalement établir un budget classique nécessaire à tout business quel qu’il soit. Comprendre les enjeux RSE, c’est penser sa vie professionnelle afin de participer à un monde plus durable. Comprendre les enjeux en termes de Discriminations, violences, harcèlements sexistes et sexuels, c’est être alerte sur ces violences et prendre part à les combattre. Etc etc…

Regards et conseils

Que retenez-vous de cette expérience d’enseignement auprès d’étudiants en école de commerce ?

J’en retiens des échanges passionnants et passionnés avec de jeunes professionnels et qui, j’espère, leur aura permis d’avoir une nouvelle perception du monde environnant.

Un conseil pour les étudiants qui souhaitent travailler dans l’industrie musicale ou collaborer avec ce secteur dans leur carrière ?

Je leur conseille d’être déterminé et curieux, de ne pas hésiter d’aller à la rencontre des professionnels, participer à de nombreux projets (notamment en collectif avec d’autres jeunes au tout départ) et d’être proactif. C’est un secteur passionnant, et dont la finalité première est d’amener du plaisir à autrui, et c’est bien là une valeur essentielle dans un monde malheureusement trop austère. 

Mardi 03 Juin

17h à 20h

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